Au 40ème jour de confinement
Roseline Giusti pastiche Jacques Brel…
Les vieux amants Les preux souffrants
Bien sûr, nous eûmes des orages Bien sûr nous avons des mirages
Vingt ans d'amour, c'est l'amour fol Deux mois de confin’, c’est ras-le-bol
Mille fois tu pris ton bagage Mille fois tu nous mets en rage
Mille fois je pris mon envol Mille fois tu te pousses du col
Et chaque meuble se souvient Et chaque immeuble en convient
Dans cette chambre sans berceau Dans chaque chambre sans repos
Des éclats des vieilles tempêtes Des éclats de saintes colères
Plus rien ne ressemblait à rien Nous n’avons plus le goût de rien
Tu avais perdu le goût de l'eau Tu mets nos cerveaux à vau-l’eau
Et moi celui de la conquête Sans prendre la poudre d’escampette
Mais mon amour Fieffé Covid
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour Perfide, traitre et pernicieux Covid
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour De l’Angleterre jusques-à Singapour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime Tu traînes encore, on l’sait, tu traînes
Moi, je sais tous tes sortilèges Nous, on craint tous tes sortilèges
Tu sais tous mes envoûtements Tu guett’ tous nos évitements
Tu m'as gardé de piège en piège Tu nous tends piège après piège
Je t'ai perdue de temps en temps Nous te semons de temps en temps
Bien sûr tu pris quelques amants Bien sûr on prend quelques calmants
Il fallait bien passer le temps Il s’agit bien d’faire face à temps
Il faut bien que le corps exulte Il faut bien que les corps résistent
Mais finalement, finalement Mais confinément, confinément
Il nous fallut bien du talent Nous alignons tous nos talents
Pour être vieux sans être adultes Pour rester sains dans nos capsules
Mon amour, Fieffé Covid
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour Perfide, traitre, pernicieux Covid
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour De l’Angleterre jusques-à Singapour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime Tu traînes encore, on l’sait, tu traînes
Et plus le temps nous fait cortège Et plus longtemps dure le siège
Et plus le temps nous fait tourment Et plus le temps nous fait tourment
/Mais n'est-ce pas le pire piège Car n’est-ce pas le pire piège
Que vivre en paix pour des amants Qu’être cloîtré pour des vivants
Bien sûr tu pleures un peu moins tôt Bien sûr tu portes un peu moins beau
Je me déchire un peu plus tard Tes ires redoutent les placards
Nous protégeons moins nos mystères Nous démasquons mieux tes mystères
On laisse moins faire le hasard On a un peu moins le cafard
On se méfie du fil de l'eau On se le dit, on t’fera la peau
Mais c'est toujours la tendre guerre Même si la guerre est longue à faire
Oh, mon amour Fieffé Covid
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour Perfide, traitre, pernicieux Covid
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour De l’Angleterre jusques-à Singapour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime Tu traînes encore, on l’sait, tu traînes
Roseline Giusti , Parodie de la chanson de J. Brel, Les vieux amants Copyright : ed. Rosald Inguë, avril 2020