Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 mai 2020 5 08 /05 /mai /2020 22:12

 

 

Au 40ème jour de confinement

                Roseline Giusti pastiche Jacques Brel

Les vieux amants                                 Les preux souffrants

Bien sûr, nous eûmes des orages                 Bien sûr nous avons des mirages
Vingt ans d'amour, c'est l'amour fol               Deux mois de confin’, c’est ras-le-bol     

Mille fois tu pris ton bagage                           Mille fois tu nous mets en rage                

Mille fois je pris mon envol                             Mille fois tu te pousses du col  
Et chaque meuble se souvient                       Et chaque immeuble en convient
Dans cette chambre sans berceau                Dans chaque chambre sans repos                       

Des éclats des vieilles tempêtes                    Des éclats de saintes colères
Plus rien ne ressemblait à rien                       Nous n’avons plus le goût de rien                             

Tu avais perdu le goût de l'eau                      Tu mets nos cerveaux à vau-l’eau
Et moi celui de la conquête                           Sans prendre la poudre d’escampette

 

Mais mon amour                                                     Fieffé Covid
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour    Perfide, traitre et pernicieux Covid
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour                      De l’Angleterre jusques-à Singapour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime                         Tu traînes encore, on l’sait, tu traînes

 

Moi, je sais tous tes sortilèges                        Nous, on craint tous tes sortilèges                            

Tu sais tous mes envoûtements                     Tu guett’ tous nos évitements
Tu m'as gardé de piège en piège                   Tu nous tends piège après piège
Je t'ai perdue de temps en temps                   Nous te semons de temps en temps
Bien sûr tu pris quelques amants                    Bien sûr on prend quelques calmants
Il fallait bien passer le temps                           Il s’agit bien d’faire face à temps                                    

 Il faut bien que le corps exulte                       Il faut bien que les corps résistent
Mais finalement, finalement                            Mais confinément, confinément
Il nous fallut bien du talent                              Nous alignons tous nos talents
Pour être vieux sans être adultes                   Pour rester sains dans nos capsules

 

Mon amour,                                                               Fieffé Covid
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour       Perfide, traitre, pernicieux Covid
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour                        De l’Angleterre jusques-à Singapour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime                           Tu traînes encore, on l’sait, tu traînes

 

Et plus le temps nous fait cortège                  Et plus longtemps dure le siège
Et plus le temps nous fait tourment               Et plus le temps nous fait tourment
/Mais n'est-ce pas le pire piège                     Car n’est-ce pas le pire piège
Que vivre en paix pour des amants               Qu’être cloîtré pour des vivants
Bien sûr tu pleures un peu moins tôt             Bien sûr tu portes un peu moins beau                        

Je me déchire un peu plus tard                      Tes ires redoutent les placards                                     

Nous protégeons moins nos mystères           Nous démasquons mieux tes mystères
On laisse moins faire le hasard                     On a un peu moins le cafard
On se méfie du fil de l'eau                             On se le dit, on t’fera la peau                                         

Mais c'est toujours la tendre guerre              Même si la guerre est longue à faire

 

Oh, mon amour                                                          Fieffé Covid
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour        Perfide, traitre, pernicieux Covid
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour                         De l’Angleterre jusques-à Singapour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime                            Tu traînes encore, on l’sait, tu traînes
     

                                                    

Roseline Giusti , Parodie de la chanson de J. Brel, Les vieux amants Copyright : ed. Rosald Inguë, avril 2020

 

Partager cet article
Repost0
21 novembre 2019 4 21 /11 /novembre /2019 23:56

 

Chantal Detcherry, En ce jardin où je m’avance, n&b et Pleine Page éd., 2006 (Prix Olympique de poésie, 2006).

 

Délivrée de la tombe, une fille est rendue à ses père et mère défunts. La rencontre se fait au jardin aimé du blayais, (près de l’estuaire de la Gironde), qui fût celui des disparus. Les ombres mangent les visages, mais les actions sont précises. Mains rugueuses du père qui s’activent dans quelque tâche nourricière, gestes d’offrande de la mère par qui le printemps s’accomplit. Plus qu’un chant de deuil, le texte s’offre comme un rituel de réconciliation. La nature exulte et l’allégresse est celle du « Cantique du printemps » de O.V. de L. Milosz. Chaque instant est restitué dans sa sensorialité : froissement des chélidoines, éclat des nigelles, odeur amère du jasmin, saveur sucrée des grenades…En écho aux « Riches heures », (cf Le Festin n°54), ouvrage primé par l’association des Savoir-faire d’Aquitaine, le récit s’égrène en cascade, poussé d’une page sur l’autre par la force des mots. On pense à la fontaine de Pol Bury à la Fondation Maeght. La justesse et la vitalité des vocables que C. Detcherry pose comme des pigments ivres de couleurs, de parfums et de bruissements, font de ce recueil une élégie affectueuse qui apaise cœurs et mémoires.

Roseline Giusti W.

 

Paru dans le magazine Le Festin N°58, été 2006, p.124, notices de livres « : Chantal Detcherry, "En ce jardin où je m’avance "

Partager cet article
Repost0
9 août 2019 5 09 /08 /août /2019 10:43

 

Publié le 09/08/2019 in La Dépêche des Pyrénées

Sculptures au jardin

Les œuvres d'art gagnent toujours à sortir de l'atelier. Vous pourrez le constater en visitant les trois expositions «Impromptues» que propose cet été Jacques Brianti. Dans son jardin de Pouzac, plusieurs «scènes» : menines, moulages de corps, mannequins… sont à découvrir, au gré d'un surprenant parcours. À Villecomtal, sur le chemin de Marciac, l'artiste a disposé, dans le parc du restaurant Le Rive Droite, une quinzaine de sculptures, toutes de papier. Disséminées sous les arbres remarquables du domaine, elles prennent ici toute leur mesure. Provenant d'une installation faite à Venise en 2005, puis au Centre de danse contemporaine à Toulouse, ces moulages, réagencés pour le lieu, explorent le corps féminin par fragments (visage, torse, jambe…), non sans facéties. À l'intérieur de l'établissement, on peut également voir sur les murs, des bas-reliefs et des peintures que les propriétaires, Philippe et Myriam Piton, sont venus choisir dans l'atelier de l'artiste à Pouzac. L'audacieuse présentation qu'ils offrent témoigne d'un œil avisé. Dans la troisième exposition, Chez Lily, à Germ dans la vallée du Louron, Jacques Brianti surprend avec une série de dindons peints sur des panneaux dressés. Venus tout droit de la culture aztèque, ces animaux hauts en couleur rappellent la brillante civilisation sud-américaine, ruinée par les colonisateurs. Réminiscence pour l'artiste d'un voyage au Mexique en 1984 et d'une exposition au Centre d'art contemporain de Las Palmas, aux Canaries en 1994. Trois expositions qui ne laissent pas indifférent, tant l'artiste nous imprègne de sa fougueuse énergie créative.

 Roseline Giusti

Jacques Brianti, Manière de corps, photo Roseline Giusti

Jacques Brianti, Manière de corps, photo Roseline Giusti

Partager cet article
Repost0
27 janvier 2019 7 27 /01 /janvier /2019 07:27

Chère Chantal,

Je viens de terminer ton livre enchanteur.

Tu fais « tenir » dans ta forêt un condensé du bestiaire de l’humanité doublé d’une galerie de portraits, anonymes ou célèbres, surgis du long fil de l’histoire, des récits mythiques ou de la littérature, Shakespeare comme Lovecraft. Tes Gens des arbres n’ont pas de gentilé commun. Ils accourent de tous pays, proviennent de toutes époques, de toutes cultures. Hommes et bêtes, réels ou imaginaires. Génies des bois, elfes, gnomes, troupes de sylvains, kobolds ; le hibou des fourrés comme le panda, le phoque comme la girafe ; une murène, un agouti, un éléphant…Tu convoques le grand Pan tout comme Peter, les fées et le minotaure, un ange et la reine de Saba, Néfertiti et Voltaire ;  l’inquiétant Cthulhu côtoie Arcimboldo, Lazare, Obéron ou un guerrier antique. Tu réunis les masques de deuilleur, de clown, de Venise, comme de Balouba du Congo.

La photo fixe attitudes et allures. Chaque être se donne dans sa physionomie du jour. De profil ou de face. Visage lumineux, fier ou hébété, faciès pétrifié ou en colère ; menton décidé, nez aquilin,  bouche hurlante, paupière ourlée, œil torve ou yeux vairons ; tombé des chevelures… Tu notes le grain de la peau, la qualité du pelage, la couleur des teints. Vert lichen, malachite ou cru, rouge bistre, gris nacré, rose poudré, jaune.

 Le texte glisse sous chaque image et fixe, à peu de mots, le détail qui révèle et individualise. De ces visages d’écorces, tout silence, tu dégorges les paroles, extrais les pensées, captes les intentions. 

Ces 87 êtres que tu as « levés », comme on dit lever une armée, composent un paysage sylvestre, étrange, inattendu.

*

Saisir l’existence de ces figures est faire, en quelque sorte, acte d’archéologie préventive, avant de laisser la nature opérer son  incessante altération. Pas aussi lente qu’on ne croit.

Roseline Giusti

Talence, janvier 2019

Chantal Detcherry, Gens des arbres, Editions Passiflore, 2018, 99 p., 87 illustrations.

 

Partager cet article
Repost0
13 août 2018 1 13 /08 /août /2018 07:03

 

 

LA DEPECHE DU MIDI  13/08/2018  

Actualité Grand Sud Hautes-Pyrénées Bagnères-de-Bigorre

 

Roseline Giusti de retour

Séance de dédicace

Le jeudi 16 août, de 16 h 30 à 19 h 30, la librairie Auprès de Pyrène (1) reçoit Roseline Giusti qui présentera son livre, «Instants minuscules en Haute-Bigorre, 36 brins de vie insolites, cocasses ou privilégiés" qui vient de paraître aux éditions Gypaète.

L'ouvrage rassemble 36 courts récits témoignant de moments vécus pendant les sept années du séjour de l'auteur à Bagnères-de-Bigorre. On y trouve des micro-événements (crevaison à la Hourquette, nuit sans lune au Bédat, converser au Casino, méprise au restaurant, l'arbre à palabre, la vache qui pleure, retour d'estives, le Tour de France…), des rêveries sur des paysages ou des sites (col de Beyrède, Adour, pic du Midi, minigolf), des évocations de figures bigourdanes (Liloye, Blanche Odin, Jacques Brianti) et la mention de traditions locales (Les grandes mounaques, L'omelette du lundi de Pâques). Ou encore des réminiscences de manifestations culturelles organisées par l'auteur (Faire le portrait d'un mouton, Verts enchantés, Le portement du tableau, Chute de pivoines, Danser avec l'eau…).

Photo Michel Wiedemann

À la lecture de ces microrécits, le lecteur trouvera peut-être amusant de se rendre sur les lieux décrits et de vivre des expériences visuelles et sonores nouvelles.

Celles et ceux qui sont loin des Pyrénées pourront s'identifier aux situations contées et rêver à leur guise à ce merveilleux coin de France.                                 

Viktoria Telek

  1. 9 bis, rue Victor-Hugo à Bagnères-de-Bigorre

 

Partager cet article
Repost0
4 août 2018 6 04 /08 /août /2018 15:45

Le livre de Roseline Giusti INSTANTS MINUSCULES EN HAUTE-BIGORRE, 36 brins de vie insolites, cocasses ou privilégiés est paru aux éditions Gypaète, juin 2018

L’attention portée aux choses les plus simples conduit Roseline Giusti à un regard sensible sur l’environnement quotidien. De petits riens saisis dans l’instant, deviennent des histoires. Ces micro-récits ont pour cadre la Haute-Bigorre, Bagnères et ses environs.

Extraits de textes :

« S’arracher de la maison encore chaude du repos de la nuit. Courir vers l’Adour. Le surprendre du haut de la passerelle métallique… »

« Une vaste mer de nuages roses et houleux emprisonnent des pics qui semblent réduits à une myriades d’îles, battues par les flots… »

« Elle dort ? — Non, elle est ivre. Tu vois,

elle tient encore dans sa main une coupe renversée. »

 C’est une adepte de Bacchus, le dieu du vin.

Partager cet article
Repost0
24 janvier 2018 3 24 /01 /janvier /2018 09:19

 

 

Un styliste anglais à Bagnères

Bagnères exerce toujours un attrait irrésistible sur les voyageurs qui la découvrent. C'est bien ce que confirme l'Anglais Philip Waghorne, qui a succombé au charme de la ville lors d'un bref séjour en Bigorre, appréciant son site d'exception, ses architectures et ses eaux. Sorti d'une des plus prestigieuses écoles, la Saint-Martin School of art, qui forme des stylistes de renom, cet Anglais originaire du Yorkshire affiche un beau parcours dans le monde des grands couturiers puisqu'il a travaillé, entre autres, chez Dior, Lanvin et Nina Ricci. C'est aujourd'hui à Naples qu'il poursuit sa carrière, chez Amina Rubinacci, une célèbre maison de couture italienne réputée pour le confort, la qualité et l'élégance de ses vêtements de laine. Fort de son expérience dans ce matériau, Philip Waghorne contribue au rayonnement international de la marque. Il vient également de signer une collection pour le couturier japonais Take Nishida. C'est donc en homme de goût qu'il vante les mérites de notre ville, curieux de son histoire et conscient du fort potentiel de la cité des eaux.

Roseline Giusti

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0
20 décembre 2017 3 20 /12 /décembre /2017 10:38

De quoi demain est-il fait ?

 

Je pellete dans les labours de mon passé, y

déterre des ilôts d’expériences. J’ouvre la

benne du jour qui suit, y couche ce qui palpite :

timbre de voix, aube extrudée, strie bleue,

mers, ciels, cocasserie, titubation, sabir de

port, orange orange, caroube nègre, trahison,

brûlure de l’oeil, et pacotille et bimbeloterie.

Rien. Alors je me risque dans les mâchoires du

temps, parée.

 

                                            Roseline Giusti-Wiedemann, Bordeaux 2009

Partager cet article
Repost0
17 décembre 2017 7 17 /12 /décembre /2017 22:58

 

 

Avec ses personnages de Comics populaires caractéristiques et leurs couleurs stridentes appropriées, les immenses toiles de Cyrill Perrot campent un décor américain typique, immédiatement identifiable. Mais l’examen attentif des œuvres dévoile aussi la référence à des moments forts de l’histoire de la peinture européenne, en particulier la Renaissance et le Romantisme. Toute l’originalité du travail de Cyrill Perrot réside dans ce jeu de tensions entre ces univers distincts. Lorsque les super-héros prennent la pose, ils le font à la façon de personnages de la grande peinture. Ainsi la toile dénommée Sur les quais  est une Pietà, Manhattan fait signe aux fresques de Michel-Ange à la Sixtine, Harlem à  La Lutte de Jacob avec l'Ange de Delacroix, etc… 

Quant à la signification, elle est riche et pertinente.  Les « décombres du rêve américain » servent de terreau à la dénonciation de la violence planétaire actuelle, quotidiennement répétée. Ce sont ces déchaînements et la dégradation consécutive de l’environnement  que Cyrill Perrot entreprend de dénoncer avec de talentueux acquis de plasticien.

 

Roseline Giusti-Wiedemann, Bordeaux, 2017

 

 

Partager cet article
Repost0
17 décembre 2017 7 17 /12 /décembre /2017 22:37

Z’ont pris la navette sur le fleuve        

Z’ont bousculé les passagers       

Z’ont ouvert grand leur vareuse                                      

Z’ont tendu leur corps au vent                 

 

Z’ont hurlé par d’ssus le bastingage 

Z’ont beuglé leur férocité

 

Z’ont maté la cité bacchique   

Z’ont régalé leur gosier à ses flancs ronds

Z’ont louché à l’oblique de ses zébrures

Z’ont grogné leur contentement                               

 

Z’ont toisé le pont levant

Y z’ont dardé leur regard ivre

Z’ont corrodé ses côtes plates

Z’ont cru les ascensionner                                                                  

 

Z’ont craché dans l’eau boueuse

Z’ont attelé à ses remugles leurs enfers  

Z’ont remorqué leurs desseins torves

Z’ont vacillé

 

Z’ont traversé jusqu’à Lormont

 

Z’ont pris l’appontement pour couche

Z’ont bu tonitruants

Z’ont rendu insane leur cité intérieure

 

Z’ont colmaté de larmes leurs entailles               

Z’ont interdit les soleils levants                 

 

Z’ont feint d’embarquer sur un navire à aubes

Z’ont dérivé d’îlots en îles                        

Z’ont vu de fausses Antilles               

Z’ont miné leurs esprits

    

Z’ont injurié la houle

Z’ont terni les couchants mordorés sur le fleuve

 

Z’ont jamais reparu sur l’autre rive

 

Roseline Giusti-Wiedemann

Bordeaux, hiver  2017

 

 

    

 

 

 

Partager cet article
Repost0