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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 17:03

Jean-Marie RODRIGUES, plasticien

 

M A U X   d e   T E T E S

 

Les peintures récentes de Jean-Marie RODRIGUES explorent la figure humaine ou animale à ce moment précis où s’opère une mutation de l’une à l’autre.

 

Les faciès qu’il représente ne constituent pas, en effet, qu’un volume matériel de rose et gris ou de rouge et vert, vu de face ou de profil, chapeauté ou enturbanné, cornu ou à oreilles. Ce sont ceux d’êtres vivants qui gardent la mémoire du combat auquel ils se sont livrés. Farouches et inquiétantes, certaines têtes, même, jouent encore et encore, sur la scène de la toile, l’histoire et le drame dont elles sont habitées.

 

Le trait en mouvement offre une qualité de tension exacerbée. Sous les tracés noirs et vigoureux qui les oblitèrent, des joues se gonflent, des mâchoires s’entrechoquent, des nez s’écrasent ou percent. Parfois une dentition énorme effraie. Yeux et bouches se débattent sous la pression des ligatures fermes et incisives qui rayent les faces. L’intensité de l’action, la rapidité avec laquelle elles s’activent pour s’en défaire sont inscrites sur le volume propre de chaque figure et les distinguent. La plupart du temps, l’œil affleure sous la couche picturale, sauvant le sujet représenté de l’immobilisme et du néant. « Il me regarde », dit alors Jean-Marie Rodrigues.

Si l’œil « substance concrète » est « objet matériel », affirmait le critique Michel Zahar, le regard « d’essence spirituelle » est « principe fluide de la vie intérieure ». Et c’est bien cette « secrète énergie », comme  le disait encore Zahar, que notre peintre tente de mettre au jour dans chacun de ses « portraits ». A ce moment, l’artiste sait que la bataille est gagnée, que le souffle du vivant a réussi à s’extraire de ce magma de liens imbriqués, tracés d’un geste impérieux.

 

S’exposer aux jets noirs que le peintre décoche à ses figures est le prix à payer pour connaître la délivrance. Car l’être qui surgit alors est restitué dans son principe de vie, désaliéné. Peu importe qu’il soit animal ou humain. Peu importe que surgissent ici une tête à ergots ou à cornes et là un visage d’homme. La frontière est étroite entre les deux états; l’artiste revendique ce lien ténu, cette ambiguïté, reconnaît même une connivence.

Plus rarement, des bouches à leur tour essaient de poindre. C’est d’ordinaire l’apanage des figures féminines. Alors des linéaments moins agressifs délimitent des plages colorées, traitées avec régularité à la brosse, donnant naissance à des portraits plus félins, gracieux.

 

S’intéressant seulement à la partie haute des corps, -l’animal est toujours représenté dressé-, l’artiste la grandit généreusement. Coiffes, chapeaux, turbans, ou crinières et protubérances, exaltés, donnent à ces têtes un port altier qui intensifie leur  présence, touchant parfois à la coquetterie. On comprend mieux, lorsqu’on sait qu’il arrive à l’artiste de confectionner des costumes de théâtre.

 

Sur le plan plastique, l’acrylique fluide et vite sec fournit à l’artiste le medium idéal pour œuvrer dans l’urgence. Les outils sont peu conventionnels, parfois de récupération. Pinceaux épais, brosses ou même balais, pour les grands formats, fondent sur les figures à grands jets noirs. De densité inégale, le jus-venin, craché sur la toile, est produit d’un geste continu, sans reprise aucune, alla prima. Posés avec violence, ces bandeaux sombres sont la marque de la capacité de l’artiste à traduire avec justesse les forces vives qui l’assaillent. A vrai dire, Jean-Marie Rodrigues  a coutume de peindre en musique, ou plus exactement se soumet volontairement à son emprise. Il recherche des compositions actuelles, répétitives, parfois lancinantes qui l’installent dans une sorte de transe jubilatoire.

 

Les dernières peintures de Jean-Marie Rodrigues sont, à leur manière, mais dans un registre laïc, une sorte de « lutte avec l’ange », épisode biblique tant représenté dans l’histoire de l’art. Ici les forces contraires qui sont à l’œuvre et dont chaque figure tente d’exprimer à la fois le combat et l’issue de cette bataille, relèvent tout autant du monde intérieur de l’artiste que du propos philosophique qui le sous-tend.

 

Humanité, animalité, quelles limites ?

 

 

Roseline Giusti-Wiedemann

Bordeaux, novembre 2009.

 

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 16:55

Le trait  précis et volontaire cerne les saillies du relief. Le sol se soulève, la terre se concasse, des villages affleurent, avec leurs champs meubles ou leurs prés verdoyants. La campagne bagnéraise inspire désormais l’artiste. Dans ce nouveau registre, les couleurs ne mettent pas l’œil en feu mais l’apaisent. Les chromatismes cueillis ça et là par le regard nomade, habile à  transmuer en matière picturale les images reçues, composent une palette nouvelle qui dit sa dette au paysage bigourdan.

RGW

 

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 13:43

ROBES D’ALGUES    LES MUES


Plasticienne AR construit depuis plus de vingt ans des enveloppes corporelles de tissu, de papier, de verre.

Hiver 2002. La voici à Hendaye, au domaine d’Abbadia (1). L’endroit en cette saison  est plutôt austère et solitaire, et les heures, fortement scandées par les marées et le bruit du ressac sur la falaise. L’artiste entend travailler au plus près du lieu. Mono-matériau trouvé sur le site, rituel du ramassage, tributaire du bon vouloir de la mer : l’algue s’échoue sur la grève selon un rythme inexpliqué ; retraite et lente gestation de l’œuvre.

De ce grand herbier des mers qu’elle constitue, vont s’architecturer d’étranges vêtures corporelles.

Cette fois encore la bouche géante de l’eau a dégorgé des algues sur la plage. Jour faste de livraison maraîchère. Suspendue au respir de l’océan, Aline cueille la manne précieuse. Ce sont des algues rouges, essentiellement. Monochromes bruns rougeâtres. Emerveillement devant ces couleurs, elle qui répugne à peindre. Séché à plat, le végétal se froisse et craque comme du vieux papier, résistant et fragile à la fois. Affection pour cette peau flétrie brillante à la lumière et sanguinolente comme des écorchés. Quelques mois auparavant, elle a déjà ramassé des laitues de mer dans d’anciens marées-salants de Charentes, avec la même émotion, intense.

Elle étale, presse, remembre, triture, cuit même. L’odeur parfois est insoutenable. Contact charnel avec le matériau, vierge de tout traitement humain. Matière mémorielle qu’elle pétrit comme le limon premier de la Genèse.

Avec les peaux obtenues elle construit des étuis. Erigés ou gisants au sol, dans de fragiles cercueils de papier. Gangue pour le corps, le sien.

Robes ducales, hors normes, éphémères et splendides. Poches matricielles. Enveloppes meublantes. Forteresses, coffre-corps (2), où un interstice est ménagé. Tous sont échancrés, béants. La béance est une porte qui assure le passage. Car l’artiste s’introduit dans ces peaux d’algues. Pour les finir. L’œuvre est aboutie, si habitée.

Le passage dans ces demeures, -territoires hautement privés-, est la condition de son accès au monde.

Robes sacrificielles pour liturgie. Aline se retranche dans ces écrins pour y accomplir quelques rituels intimes…et nécessaires Car l’écrin la sculpte en retour, l’incorpore. Immersion tactile par laquelle commence une lente remontée aux origines.

Robes comme d’immenses crânes, non plus montrées du doigt par Saint Jérôme comme chez Dürer, mais dans lesquelles Aline s’enveloppe ; et, recluse dans l’atelier connecte une mémoire qu’elle ne livrera pas.

Robes…Vanités

 

Roseline Giusti

 

(1) la ferme Nekatoenea du domaine d’Abbadia à Hendaye accueille régulièrement des artistes en résidence.

(2) l’expression est d’Alain Fleischer, in La femme qui avait deux bouches et autres récits, Paris, Seuil, 1999.

 

 

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 13:33

Dé-rober, les prédations d'Etna CORBAL

Robe vient du mot germanique "rauba", butin. Les rapines d’Etna Corbal, plasticien,  sont toutes végétales. Il dérobe au paysage quelques-uns de ses atours et façonne des robes renchérissant sur la rondeur du buste et des seins, campant la femme dans la grâce de son contour. Corolles, coques, pétales, tiges, pistils, entêtants et colorés, prélevés au petit matin ou au soleil fort de midi, disent encore aux glycines ou aux amours en cage, tout le tribut qui leur est dû.

Ces fraîches prédations sont immédiatement saisies par l'objectif photographique, avant que de perdre leur violine ou leur orangé éclatants. Torses moelleux et sensuels, volés à  la feuillée.  Sensitives épiphanies. Che rauba ! (1)

 

Roseline Giusti – Wiedemann

Professeur associé, Université de Bordeaux3

 

(1) expression italienne= quelle histoire (de brigands).

 

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 13:28

Jean LE GLOANNEC, peintre-arpenteur.

 

Tout l’œuvre de Jean Le Gloannec est sous-tendu par un ensemble de contraintes arithmétiques que l’artiste se donne au départ et qui sont autant de directions pour l’organisation plastique du travail. Aussi les dessins préparatoires ont-ils une grande importance, puisqu’ils fixent avec rigueur cotes, dimensions, mesures, issues de la prise en compte d’un espace environnemental ou architectural ou encore dictées par la morphologie d’un corps humain. Volume, longueur, degré d’ouverture d’un angle…, ainsi déterminés, donnent la scansion de l’œuvre et son mode de lecture.

La toile garde aussi la trace de la déambulation originelle, où l’artiste-arpenteur accomplit son travail de prélèvement, pour ne pas dire de prédation. Le Gloannec attache de l’importance à la marche, aux pieds, au sol que l’on foule, au mouvement de son propre corps qui s’ouvre à la ville en même temps qu’il en collecte des éléments. Il utilise l’image du compas qui s’écarte pour appréhender le territoire qu’il va mesurer. De sa chasse, il rapporte des images, des couleurs, des bruits…qu’il classe, épure, trie, sélectionne. Sur la toile toutefois, point d’accumulations, d’enchevêtrements, de cauchemars, d’accélérations ou même de rêves, le calme seul. Le territoire parcouru est nettoyé de tout ce qui l’a entaché ; désencombré, il est révélé, lisible.

A cela s’ajoute un lien alchimique avec la matière, les matériaux choisis, presque toujours les mêmes : l’or, l’argent, le cuivre, le nickel parfois. Ces substances premières, extraites des entrailles de la terre, sont pour Le Gloannec le symbole de la connaissance directe, sans la médiation de l’intellect.

 

Roseline Giusti, Pessac, 1994 

 

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 08:30

 

LES ETRANGES VETURES D'ALINE RIBIERE

 

Plasticienne, Aline RIBIERE construit des enveloppes corporelles, de tissu , de papier, de verre…et déploie une réflexion sur leur fragilité.

 

                                                                       Ses derniers travaux, ainsi qu'une rétrospective de ses oeuvres,  font l'objet

                                                                       d'une exposition  au Carré Bonnat à Bayonne du 11 janvier au 3 mars 2003.

 

  ROBES EXPLORATOIRES

 

De nombreuses œuvres-clés ont scandé, depuis près de vingt cinq ans,  le parcours de l'artiste, témoins de la pertinence de son propos et de sa créativité  :  la robe rouge (1977); la robe de papier (1979); la robe à l'envers (1981), - toutes viscères dehors-, dont une version, "envêtement" sera  primée au concours chorégraphique de Bagnolet en 1986;  la robe aux fermetures éclair (1983); les carrés blancs (1987), conçus à plat comme des plans d'architecture qui prennent volume lorsque le corps les habite; la robe du Japon (1988) égrénant vingt-sept couches de tissu d'une transparence extrême, -comptabilisation sensible du temps-; la robe de verre (1990)…

Il faut y ajouter les réalisations pour des compagnies de danse et de théâtre : entre autres, l'imposant "k

"caftan" –homme d'un côté, femme de l'autre- confectionné dans de la toile de Beautiran  (créé pour les Cenci de Shelley, Théâtre par le bas, Paris, 1983). Costume superbe qui mériterait d'entrer dans les collections d'un musée.

Une réflexion sur la dislocation du corps et son remembrement donne lieu, de 1998 à 2001, à d'étonnantes robes déconstruites, (mais néanmoins portables),  dont les morceaux,  découpés à l'aide d'un banal patron de couturière, sont assemblés de façon aléatoire.

 

Le registre des matériaux est étendu et parfois insolite :  étoffes diverses, tissus techniques, matériaux composites ou encore, épluchure de pomme de terre, feuilles de yucca, ronce et aujourd'hui l'algue marine.

Tous les supports sont explorés et traités comme des territoires, habités ou délaissés. Son questionnement sur les limites du corps, ses apparences, ses déchirures…donne lieu en effet à des performances, véritables traversées rituelles de ces enveloppes.

 

 

 

ROBES – VANITES.

 

Hiver 2002. La voici à Hendaye, au domaine d'ABBADIA.  (1) L'endroit, en cette saison, est plutôt austère et solitaire, et les heures fortement scandées par les marées et le bruit du ressac sur la falaise. L'artiste  entend travailler au plus près du lieu. Mono-matériau trouvé sur le site, rituel du ramassage, tributaire du bon vouloir de la mer : l'algue s'échoue sur la grève selon un rythme inexpliqué; retraite et lente gestation de l'œuvre.

 

De ce grand herbier des mers, qu'elle constitue,  vont s'architecturer d'étranges vêtures corporelles.

 

Cette fois encore la bouche géante de l'eau a dégorgé des algues sur la plage. Jour faste de livraison maraîchère. Suspendue au "respir" de l'océan,  Aline cueille la manne précieuse. Ce sont des algues rouges, essentiellement. Monochromes bruns rougeâtres. Emerveillement devant ces couleurs.  Séché à plat,  le végétal se froisse et craque comme du vieux papier, résistant et fragile à la fois. Affection pour cette peau flétrie brillante à la lumière et sanguinolente comme des écorchés.

Quelques mois auparavant, elle a déjà ramassé des laitues de mer dans d'anciens marais salants de Charente, avec la même émotion, intense.

 

Elle étale, presse, remembre, triture, cuit même. L'odeur parfois est insoutenable.

Contact charnel avec le matériau, vierge de tout traitement humain.

Matière mémorielle qu'elle pétrit comme le limon premier de la Genèse.

Avec les peaux obtenues, elle construit des étuis. Erigés ou gisants au sol, dans de fragiles cercueils de papier. Gangue pour le corps, le sien.

Robes ducales, hors normes, éphémères et splendides. Poches matricielles. Enveloppes meublante. Forteresses. Coffres-corps (2)  où un interstice est ménagé : tous sont échancrés, béants.  La béance est une porte qui assure le passage. Car l'artiste s'introduit dans ces peaux d'algues. Pour les finir. L'œuvre est aboutie, si habitée.

Le passage dans ces demeures, - territoires hautement privés-, est la condition de son accès au monde

 

Robes sacrificielles pour liturgie.  A. RIBIERE se retranche dans ces écrins pour y accomplir quelques rituels intimes…et nécessaires. Car l'écrin la sculpte en retour, l'incorpore. Immersion tactile par laquelle commence une lente remontée aux origines.

 

Robes, comme d'immenses crânes, non plus montrés du doigt par Saint Jérôme comme chez Dürer, mais dans  lesquelles, Aline s'enveloppe; et, recluse dans l'atelier, connecte une mémoire qu'elle ne livrera pas.

Robes …Vanités.

 

Roseline Giusti – Wiedemann            Professeur associé, Université de Bordeaux 3.

 

 

 (1) La ferme Nekatoenea du domaine d'Abbadia à Hendaye accueille régulièrement des artistes en résidence.

(2) l'expression est d'Alain  FLEISCHER, in La femme qui avait deux bouches et autres récits, Paris, Seuil, 1999.

 

 

 

 

 

 

 

MENTION OBLIGATOIRE :

Photographies de Jacqueline Salmon.

 

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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 13:40

YEULMAUS, l’arpenteur du trait.

 

Mayeul IRLINGER

Né en 1980 en Haute Provence, vit dans les Pyrénées atlantiques.

Pratique le dessin et la musique depuis l’enfance.

 

Les personnages qui prennent vie sous le trait dansant de Yeulmaus, racontent des histoires énigmatiques dont le code est à chercher dans sa propre existence.

Ses figures en mouvement, tracées par un cerne unique à l’encre de chine, sont en majorité autant d’autoportraits saisis à différentes périodes de sa jeunesse.  Réminiscence du temps de l’enfance en Provence, où il faisait surgir sur le papier un univers mythique qui peuplait son imaginaire. Evocation de l’Inde du sud (Pondichéry) où il a vécu cinq années, au contact de philosophies et d’iconographies nouvelles, sensible aux expressions spirituelles fortes de ce pays comme à l’art populaire du Tamil Nadu ou à l’art tribal d’autres provinces. Une imprégnation dont il ne se départira jamais.

Aujourd’hui, c’est en urbain qu’il arpente le trait, prenant aux villes leur vitalité et leur énergie continues, dans la lignée des graffeurs et du street art.

Néanmoins, la méthode graphique demeure exigeante : produire, après concentration, le trait unique le plus parfait possible, selon les Propos sur la peinture du moine chinois du XVIIème siècle,  Shitao, dit aussi « citrouille amère ». Ainsi, « le pinceau ira jusqu’à la racine des choses ».

Entre BD underground, américaine et japonaise, peinture nippone traditionnelle de l’Ukio-e, (Hokusaï, Hiroshige) et calligraphie chinoise, l’œuvre de Yeulmaus reste traversée d’influences diverses, issues de cultures croisées.

Diffusant ses dessins sur le réseau informatique, il cherche à se confronter à un public aussi large qu’inconnu. Toutefois, un certain nombre d’internautes, juges et critiques attentifs, l’ont déjà conforté dans son talent.

 

Roseline Giusti – Wiedemann.

Université de Bordeaux3.

 

 

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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 13:36

AN III

 

GERMINATION

Sylvie Maurice, Mûrir à Bordeaux

Jardin Botanique, Du mercredi 30 avril au dimanche 18 mai 2008

 

 

Au matin on découvrit près du bassin du Jardin Botanique de nouvelles espèces de végétaux, d’un type inconnu jusque-là. Des graines géantes, corsetées de tôle étaient apparues. Certaines affichaient une brillance insolente qui, au cours des jours, s’altérait, faisant place à d’étonnantes éphélides, ocres,  jaunes et rouges. La pluie et la rosée avaient commencé de les entreprendre.

D’autres espèces (cactées, pommes de pin, amandes…) de plus petite taille, en fine résille métallique ou gravées avaient aussi germé dans un des appartement privé surplombant le jardin.

Roseline Giusti

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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 00:28

Sophie PUJO

 

Tantôt le trait au crayon transparaît sous d’immenses glacis blancs, très travaillés, tantôt, simple coulée de peinture, la ligne gicle directement du tube, contenue, sensible, mais affirmée, imposant un ordre au vide dense des surfaces monochromes.

Ailleurs le trait devient incision. Il creuse le bois d’un sillon généreux qu’un fin travail de ponçage rend lumineux.

Ces trajectoires simples et fortes, ici contours ou limites, là formes pures, lieux ou traversées, inscrivent sur le format carré de leur support une tension, celle de la mémoire de l’espace et du temps.

Sophie Pujo revendique le dessin comme point de départ de son travail. Mais au-delà des combinaisons de signes, d’éléments, de fragments figurés par des lignes, au-delà du principe d’ordonnance, perce la vitalité sensuelle qui fait vibrer la matière et donne au trait rythme et volupté.

Roseline Giusti.

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3 septembre 2010 5 03 /09 /septembre /2010 00:35

EXPOSITION PAR GROS TEMPS ou faire Noël.

           Lumières au solstice d'hive, Pessac.

Tard dans la soirée qui précédait le vernissage, nous terminions à grand peine la disposition des œuvres.

l’expo présentait un sculpteur dont la matière première était des pièces d’ustensiles ménager, de rebut.Un cordon électrique manquait, une sculpture en masquait une autre.

L'inauguration eut lieu, les discours aussi. Mais, à l'issue, on nous prévint de quelques modifications qui subviendraient.

Le matin suivant les sapins occupaient le devant des vitrines et   les sculptures avaient été reléguées à l'arrière- plan. Des décors au pochoir partaient à  l’assaut des vitrines et les tachaient de leur fausse neige.

Sale temps pour une expo ! Les clichés, les décors stéréotypés avaient pris leur revanche. C'était Noël, quoi ! Et il fallait le dire. Autrement mieux qu'avec des assemblages métalliques lumineux.

Franchement, tout ce décor stéréotypé était plus crédible aux yeux des passants.

Avait-on déjà vu célébrer Noël avec des …barres de fer, certes, en un certain ordre assemblées, et des rebuts de machines à laver, de moulinette culinaire, des passoires de cuisine d'où filtrait la lumière de douces ampoules. L’expo présentait un sculpteur dont la matière première était justement des pièces d’ustensiles ménager, de rebut. Comment osait-on taxer ces ustensiles de rebuts d'œuvres d'art, illustrant Noël  ? Ca avait quelque chose de trop déroutant.  Noël,  sans neige artificielle et cadeaux enrubannés sous  les basses branches, vous n'y pensez pas !  Passants, on vous aurait changé le rite. De quoi en perdre votre Veni Creator ou ce qui vous en reste/ ou du Minuit chrétien.  Pourtant, chalands affables, on ne nous demandait pas grand chose. Juste vous laisser un peu perturber par ces matériaux insolite, simplement entrer dans cette poésie

On avait confondu une galerie d’art et une galerie marchande.

On décroche avait dit l'artiste, on ne peut tolérer cette insulte.

R. Giusti

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