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30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 00:31

CAMINITI

Fà un giro ?

Si d'aucuns travaillent à la marge, Caminiti, lui, est au centre. La roue qui entraîne, le cercle qui circonscrit. Un territoire, un vide, un mouvement intercepté, un parcours suspendu, puis… l'envol.     Unité (symbolisée par la roue) et escapade solitaire.

     

Une statique personnelle lui fait unir dans une sorte de mariage contre nature des pièces empruntées aux domaines du vélo et de la pêche.

Là une roue, un guidon, une jante, ailleurs des rayons ou des freins…puis des fils de pêche tendus. Les assemblages sont nets, précis, hautement techniques. Certaines oeuvres ont la vitalité des grandes courses cyclistes, d'autres évoquent les contorsions de gymnastes chinois, d'autres encore s'apparentent à de grands insectes, aux élytres majestueux et inquiétants. Des grotesques, ailleurs, grimacent.

Immobiles ou plaquées au sol, ces machines ne fonctionnent pas. Elles forment un concentré de motricité. Car, curieusement, les pédaliers en sont absents.  Toute image de la machine au travail est évacuée. Nul effort.

 

Les tiges flexibles servent de poignées –appel à domestication- ou épanouissent leurs courbes dans l'espace, à l'assaut de quelque col escarpé.

On songe parfois à Cy Twombly ou plutôt à Richard Tuttle avec ses reliefs de fil de fer et d'ombre portée redessinée au crayon.

Si le cercle s'agite, c'est en circuit fermé, comme dans "la Grue" (une danseuse de Degas qui aurait endossé le tutu de plâtre de Louis Cane), ou "l'heureux tour" (clin d'œil à l'ancêtre du cinéma , le phénakistiscope de 1842).      Supplice de la révolution éternelle.

Ayant mis à ses roues des ailes, Caminiti tente une échappée.

 

Roseline Giusti-Wiedemann

Professeur associé, Université de Bordeaux 3.

 

 

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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 23:58
Aline Ribière ou la traversée du textile
Vêtures, dévêtures 3.

 

L'histoire des œuvres d'art est aussi celle de leurs accrochages sucessifs. La rétrospective des créations d'Aline Ribière au Château de Pau fournit l'occasion d'une nouvelle lecture des principales pièces de la plasticienne bordelaise. Singularité d'un parcours autobiographique de près de trente ans, où de déroutants matériaux font œuvre de poésie pure, où de lents rituels initient à d'indicibles traversées.

 

L'artiste travaille sur la peau et l'enveloppement du corps selon des agencements multiples, souvent duels et inverses : édification d'organiques carapaces, d'une émouvant fragilité ou au contraire troublantes éventrations; figuration faussement naïve des parties sexuées sur la matière textile ou épousaille du corps au plus près de sa forme, recourrant à un écrasement radical du tissu; construction-déconstruction de carrés de lin dans un réversible passage du plat au volume; ordre-désordre; envers-endroit…

Une réflexion sur le temps est aussi engagée. Incorruptible comptabilité des jours, systématiquement notée, avec la chasuble aux vingt-sept voiles, endossé chacun, matin après matin;

exploration du flétrissement avec l'utilisation de triviales épluchures de pomme de terre, édifiées en corps de robe ou apprivoisement de la mort lors de rites de passage dans de somptueuses chrysalides.

 

Les robes d'algues (Mues) créées au Domaine d' Abbadia, à  Hendaye, -l'artiste y était en résidence en 2002-, et montrées en suivant au Carré Bonnat à Bayonne;  la robe du Japon, dévoilée, entre autres, à Berne en 2003, les robes dermographiées –"tirées" sur les presses à gravure de la Maison des Arts d'Evreux , 2003; la robe en dentelle d' épices de Byblos, -dernière-née lors d'une résidence en juin 2004-, aux côtés d'enveloppes corporelles plus anciennes comme les Carrés Blancs, (1987),  trouvent ici un cadre privilégié de dialogue.

 

Marc Guiraud, biographe de l'artiste, soulignait récemment dans un texte écrit à l'issue de l'exposition du Liban, combien le site archéologique avait finement révélé certaines pièces. La confrontation avec un lieu fameux de l'histoire française ne manquera pas de livrer certains aspects de l'œuvre, inédits.

 

L'exposition est accompagnée de performances, d'un colloque et d'un stage.

 

Roseline Giusti-Wiedemann.

 

Exposition :  8-30 octobre 2004, au Musée National Château de Pau. Vernissage :18 H.

Performance-habillage rituel, la Robe du Japon : 8 octobre,  20H30, au Château.

Séminaire-rencontre et performance Les Carrés Blancs :  9 octobre, au théâtre Saragosse, Pau, avec des interventions de Bernard Lafargue, Marc Guiraud, Roseline Giusti.

Stage Habits habités, le langage des vêtements : 16-19 octobre, MJC du Laü.

Contact : 05 56 69 74 03   e-mail : ribiere.aline@voilà.fr

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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 23:49

DENISE SABOURIN

 

 

                              « Qu’est-ce qu’un événement ? C’est ce qui a déchiré quelque chose. »

                                 Dominique Desanti in Cause Commune, n°2, 1972.

 

 

Denise Sabourin construit des évènements artistiques en prise avec le réel. Elle ausculte l’univers qui l’entoure et propose une création en interaction avec lui. Contextes, circonstances nourrissent son art. Il ne s’agit plus de dire cette réalité, selon les formes classiques de la représentation, mais d’établir un rapport direct entre l’œuvre et le monde tel qu’il va.

Les occasions de dialogue sont inépuisables. Le passage d’un artiste dans sa ville, la commémoration d’un écrivain, la rencontre avec un défenseur d’une cause écologique ou politique…tout est matière à déclencher une action. Servie par une remarquable faculté à saisir l’évènement, elle impulse avec beaucoup de vivacité un projet qui, intégrant les données de l’actualité, va offrir un ample développement créatif.

 

Pour ce faire, Denise entre en relation avec des acteurs divers susceptibles de jouer sur son registre.

Elle se situe dans une dynamique de connexion, sollicitant l’autre, suscitant son intervention, engendrant des espaces rhizomatiques  aussi illimités qu’inattendus Son atelier vit au rythme du monde.

 

JEUX PLURIELS

Venus exposer à La Rochelle, lieu de résidence de Denise Sabourin, la photographe chinoise Jiong ZHU et  le Polonais Tadeuz Walczak…par exemple, se sont prêtés à son jeu, dynamisés par le bonheur d’expérimenter ensemble.

L’une  parie avec malice sur les Jeux Olympiques, l’autre diffuse, comme un palimpseste, son travail pictural (des portraits) en reprenant à Witkacy, son compatriote, les fameux symboles codés qu’il apposait sur ses tableaux. Cela nous vaut une belle œuvre collective, virtuellement enclose  par l’artiste rochelaise dans un parallélépipède traité en transparence qui renvoie au vécu de l’artiste polonais.

D. Sabourin ne pouvait rester insensible au débat sur l’ours pyrénéen et sa rencontre avec le militant et poète André Cazetien  lui suggère une réflexion qui va bien au-delà du simple jeu de mots inscrit sur sa toile : « On a perdu la grande ourse ».

D’autres fois, ce sont les élèves de Denise Sabourin qui collaborent au projet de leur professeur (1). Ainsi un colloque sur l’écrivain français Gaëtan Picon et, plus particulièrement ses écrits sur le portrait de Mme Moitessier par Ingres, ont donné lieu à un travail plastique où le navigateur éponyme, bien connu à La Rochelle, trouvait aussi sa place.

Quant au mât-éolienne,  il a engendré une formidable synergie entre étudiants, détenus, artisans et grand public, propice à réactiver un élan dynamique et porteur de progrès, à la manière de Gandhi. Une vidéo garde trace de ce moment mémorable.

Ainsi oeuvres collectives et œuvres individuelles trouvent un subtil équilibre.

 

ENGAGEMENT

Immergé dans le concret, le propos ne peut être qu’engagé. Il dénote une prise de conscience, une volonté d’agir, des objectifs à atteindre. L’œuvre en tant que production d’évènements ouvre des des pistes de réflexion, relance des questionnements.

D’action en action, le potentiel critique et esthétique de la pratique artistique est ainsi révélé. Il importe à Denise Sabourin de donner de l’épaisseur et du sens à notre vie actuelle, broyée par la vitesse et l’urgence.

 

 

 

RITUEL

Conjugaison à plusieurs, l’œuvre vaut aussi par ses temps successifs, ses rebonds et ses réseaux.

Le plus souvent, il y a eu, au démarrage de chaque projet, un protocole ritualisé pour lequel Denise requiert le concours d’un praticien de médecines orientales. Le champ énergétique du patient, sollicité en certains points, libère tout un potentiel d’images, de couleurs et d’expressions verbales, « racines en pleine croissance, gorgées de sève » (2), qui deviennent les matériaux privilégiés du report sur la toile.

 

 

GAZE EN DIPTYQUE

Le support utilisé, une gaze chirurgicale au format constant de 2m x 2m, identique d’une œuvre à l’autre, agit comme un réceptacle. Le recours à ce type de textile n’est pas fortuit. Lié à un moment douloureux de l’histoire personnelle de Denise, cette étoffe légère et transparente s’est naturellement imposée, tant elle était chargée de significations. Panser, se panser mais aussi  recueillir, voire receler.

 

Toutes les œuvres qu’elle crée revêtent la forme d’un diptyque, chaque pan correspondant à deux scansions temporelles spécifiques. Version moderne du symbole grec.

Le premier panneau recueille les mots-maux révélés, lors de l’entretien médical .Ils témoignent d’un vécu, d’une expérience,  ils font émerger des pensées, des émotions, des désirs qui mettent en branle l’action.

 

 

APPROPRIATION

            « C’est le passage du pont qui seul fait ressortir les rives comme rives »  Martin Heidegger. 

 

La gaze, ainsi chargée de signes, est donnée au partenaire, selon les termes d’un protocole d’accord qui en fixe,  plutôt que l’usage, la fonction prophylactique autant que charismatique. Restaurant, en quelque sorte, les rites de passage ancestraux (3), c’est bien d’une mission que le porteur se trouve  investi : celle de communiquer et de provoquer une prise de conscience. Aussi Denise Sabourin suggère t-elle une mise en mouvement de l’œuvre, une intervention d’ordre collectif, une mini-performance, qui recréera du lien social. . « Les performances », dit David Le Breton, «  sont un discours sur le monde…elles ébranlent la sécurité du spectateur… » (4)

Toutefois, une grande liberté chorégraphique est laissée au protagoniste. Bien que de dimensions constantes, la gaze est polymorphe. Laissée libre, elle est bannière, voile…; coupée, plus ou moins ajustée aux contours du corps, elle devient kimono, caftan ou djellaba. Etendard, enveloppe matricielle, cuirasse protectrice ou manteau d’apparat donnant un sentiment de puissance, ces œuvres collectives sont de véritables territoires d’expression.  Le moment de l’appropriation est primordial. Métamorphosée dans son apparence physique, l’identité du porteur est profondément  redéfinie, jusqu’à provoquer une véritable « conversion » de l’être.    

Les lieux choisis sont aussi révélateurs d’une démarche propre. Jiong Zhu s’exhibe dans un aéroport, lieu de connexions s’il en est. Tadeusz, dans les neiges polonaises, emporté par l’ampleur du manteau, semble voler au-dessus d’obus –de simples buses de fontaine, gelées-. André Cazetien fait œuvre de mémoire collective en  brandissant son poème à l’ourse Cannelle devant certaines cimes pyrénéennes particulièrement chargées d’histoire.

 

 

 

LE DIT DE LA BRODERIE

Le pan droit de la gaze, traversé d’une inscription écrite, rebrodée,  révèle le devenir ultérieur de l’œuvre. Les images de ce panneau sont traitées par un laboratoire parisien selon un procédé qui donne une volontaire et symptomatique apparence d’imperfection : nos technologies modernes, si performantes qu’elles soient, ne peuvent assurer une communication parfaite.

Denise Sabourin tient également à utiliser la technique séculaire qu’est la broderie (5). La valeur du fait main, certes, mais aussi l’autre rapport au temps que ce travail d’aiguille instaure. On pense aux techniques de marquage des trousseaux d’autrefois, éléments non négligeables des patrimoines familiaux. Viennent aussi à l’esprit les scarifications rituelles, surfaces de peaux labourées. La cicatrice est ici dans la chair du tissu. Traces qui immortalisent  des énoncés. Brochés très en relief, ces écrits brodés redoublent de présence.

 

Ce panneau droit du diptyque est généralement la partie destinée à affronter l’espace public. Il a pour fonction de délivrer un message à la collectivité, voire au monde. Il n’est pas innocent que le support soit plan, surface adéquate pour l’inscription de signes.

Soumise par principe à variations, à rebondissements, l’œuvre se prête ainsi à des usages divers, à des affectations non limitatives. Elle étend son champ d’action hors des territoires jusque-là consacrés à l’art. Les barrières entre l’artiste et son public sont alors abolies.

 

 

LA FABRIQUE  DE  SOI  

Le dispositif mis en place et pratiqué par Denise Sabourin est tout d’abord une quête personnelle. Que puis-je faire avec les autres ? Il s’agit de construire une relation permettant de délivrer un message accessible, intelligible au plus grand nombre. L’échange vivifiant,  source d’invention, contre le morcellement de soi et contre la solitude. Face à l’incommunicabilité ambiante, des possibilités d’ouvertures. Il y a ensuite la préoccupation de changer non seulement son regard, mais de modifier attitude et comportement face à l’enlisement de la banalité journalière et d’accomplir ainsi une transformation poétique du quotidien. Son œuvre innerve la res publica, la chose publique.

 

On pourrait imaginer que soit réuni un jour l’ensemble des gazes imprimées et brodées.

Images et textes révèleraient  le répertoire des engagements successifs de Denise Sabourin, dont, détentrice de la fameuse scytale (6), elle est la seule aujourd’hui à avoir la vision globale. Il faudrait alors convoquer aussi tous ceux et celles qui ont construit avec elle cette immense texture et restaurer l’affectivité commune qui les liait .

Mais laissons les récapitulatifs aux historiens. « Toute la force du temps se condense dans l’instant novateur où la vue se dessille », disait Gaston Bachelard et nous lui donnons raison.

 

 

Roseline Giusti – Wiedemann

Professeur associé, Université de Bordeaux3

 

 

(1) Denise Sabourin, agrégé d’arts plastique  enseigne au lycée Valin de La Rochelle.

(2) Selon les termes mêmes de Denise Sabourin.

(3) Dont  David Le Breton déplore la perte in  La peau et la trace, ed. Métailié, 2003, p. 42 » Nos sociétés ne connaissent aucun rite de passage, elles ne sauraient par ailleurs quoi transmettre ».

(4) Ibidem p.100.

(5) La broderie est la plupart du temps réalisée par l’Atelier du Bégonia à Rochefort ou le lycée professionnel Jamain de Rochefort. Pour l’œuvre avec la photographe Jiong ZHU, le travail est fait en Chine.

(6) Bâton d’une grosseur déterminée sur lequel on enroulait les lanières servant à écrire les dépêches d’Etat de Sparte ; illisible une fois déroulée, la dépêche ne pouvait être lue que roulée sur un bâton de même grosseur.

 

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 21:46
Aline Ribière ou la traversée du textile
Vêtures, dévêtures 3.

 

L'histoire des œuvres d'art est aussi celle de leurs accrochages sucessifs. La rétrospective des créations d'Aline Ribière au Château de Pau fournit l'occasion d'une nouvelle lecture des principales pièces de la plasticienne bordelaise. Singularité d'un parcours autobiographique de près de trente ans, où de déroutants matériaux font œuvre de poésie pure, où de lents rituels initient à d'indicibles traversées.

 

L'artiste travaille sur la peau et l'enveloppement du corps selon des agencements multiples, souvent duels et inverses : édification d'organiques carapaces, d'une émouvant fragilité ou au contraire troublantes éventrations; figuration faussement naïve des parties sexuées sur la matière textile ou épousaille du corps au plus près de sa forme, recourrant à un écrasement radical du tissu; construction-déconstruction de carrés de lin dans un réversible passage du plat au volume; ordre-désordre; envers-endroit…

Une réflexion sur le temps est aussi engagée. Incorruptible comptabilité des jours, systématiquement notée, avec la chasuble aux vingt-sept voiles, endossé chacun, matin après matin;

exploration du flétrissement avec l'utilisation de triviales épluchures de pomme de terre, édifiées en corps de robe ou apprivoisement de la mort lors de rites de passage dans de somptueuses chrysalides.

 

Les robes d'algues (Mues) créées au Domaine d' Abbadia, à  Hendaye, -l'artiste y était en résidence en 2002-, et montrées en suivant au Carré Bonnat à Bayonne;  la robe du Japon, dévoilée, entre autres, à Berne en 2003, les robes dermographiées –"tirées" sur les presses à gravure de la Maison des Arts d'Evreux , 2003; la robe en dentelle d' épices de Byblos, -dernière-née lors d'une résidence en juin 2004-, aux côtés d'enveloppes corporelles plus anciennes comme les Carrés Blancs, (1987),  trouvent ici un cadre privilégié de dialogue.

 

Marc Guiraud, biographe de l'artiste, soulignait récemment dans un texte écrit à l'issue de l'exposition du Liban, combien le site archéologique avait finement révélé certaines pièces. La confrontation avec un lieu fameux de l'histoire française ne manquera pas de livrer certains aspects de l'œuvre, inédits.

 

L'exposition est accompagnée de performances, d'un colloque et d'un stage.

 

Roseline Giusti-Wiedemann.

 

Exposition :  8-30 octobre 2004, au Musée National Château de Pau. Vernissage :18 H.

Performance-habillage rituel, la Robe du Japon : 8 octobre,  20H30, au Château.

Séminaire-rencontre et performance Les Carrés Blancs :  9 octobre, au théâtre Saragosse, Pau, avec des interventions de Bernard Lafargue, Marc Guiraud, Roseline Giusti.

Stage Habits habités, le langage des vêtements : 16-19 octobre, MJC du Laü.

Contact : 05 56 69 74 03   e-mail : ribiere.aline@voilà.fr

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 21:31

Inde écrite

L’œuvre picturale de Milène Giusti transcrit l'intensité violente et généreuse des couleurs, la vibration de la lumière, la foule bruissante de la rue et la ferveur jubilatoire de cette terre indienne habitée des dieux. C'est cette relation forte et inextinguible dont l'artiste témoigne inlassablement.

Ainsi, chaque peinture invite-t-elle à la déambulation dans des touches picturales dynamiques, travaillées au pastel, aux pigments et à l'acrylique. Le regard est sans arrêt sollicité : recouvrement léger, glacis, aplat soyeux, flaques aériennes, mais aussi ballet de segments chamarrés, d'éclairs monochromes.

Les supports - feuilles de papiers cartonnés - donnent aux oeuvres le frémissement qu'elles exigent.

La plupart des dessins sont travaillés selon la verticalité, avec, en contrepoint, des traits horizontaux qui viennent comme une rupture interrompre l'ascension à l'assaut du ciel. Les grands formats dévoilent de façon plus figurative quelques monuments majeurs de cette Inde mythique : temples, effigies tirées du panthéon indien à peine esquissées.

Si, par le jeu des profondeurs patiemment travaillées - matières et couleurs mêlées - les oeuvres attestent de la plasticité de la matière picturale, si elles assaillent par l'intensité des coloris, elles amènent bientôt le regard à capter une autre dimension. Emprisonnées dans la peinture, sourdent des interrogations d'un autre type, dictées par l'Inde matricielle et l'inévitable prégnance de sa mystique.

Exigeant, s'écartant des voies convenues, le travail de Milène Giusti atteste de la vitalité et de l'authenticité de la démarche.

Roseline Wiedemann, Bordeaux, 2002

 

L’inde écrite.

Milène Giusti a vécu plus de six ans en Inde du sud. Son œuvre picturale transcrit l’intensité violente et généreuse des couleurs, la vibration de la lumière, la foule bruissante  de la rue et la ferveur jubilatoire de cette terre habitée des dieux. C’est de cette relation forte et inextinguible que l’artiste témoigne inlassablement. On ne peut vivre impunément sur le sol indien.

Aussi chaque peinture invite-t-elle à la déambulation dans des touches picturales dynamiques, travaillées au pastel, aux pigments et à l’acrylique. Le regard est sans arrêt sollicité : recouvrement léger, glacis, aplat soyeux, flaques aériennes, mais aussi ballet de segments chamarrés, d’éclairs monochromes.

Les supports –feuilles de papiers cartonnés- donnent aux œuvres le frémissement qu’elles exigent.

La plupart des dessins sont travaillés selon la verticalité, avec, en contrepoint, des traits horizontaux qui viennent comme une rupture interrompre l’ascension à l’assaut du ciel.

Les grands formats dévoilent de façon plus figurative quelques monuments majeurs de cette Inde mythique : temples, effigies tirées du panthéon indien à peine esquissées.

Si par le jeu des profondeurs patiemment travaillées –matières et couleurs mêlées- les œuvres attestent de la plasticité de la matière picturale, si elles assaillent par l’intensité des coloris, elles amènent bientôt le regard à capter une autre dimension. Emprisonnées dans la peinture, sourdent des interrogations d’un autre type, dictées par l’Inde matricielle et l’inévitable prégnance de sa mystique.

Exigeant, s’écartant des voies convenues, le travail de Milène Giusti atteste de la vitalité et de l’authenticité de sa démarche.

Roseline Giusti-Wiedemann

 

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 20:57

KIRPAL              

 Abstraction-paysages, 2010

De nationalité britannique, mais née en Afrique de l’Est, les origines de Kirpal Marwaha sont à chercher du côté du Pendjab.

Formée dans les  meilleures écoles anglaises, l’Institut d’art et de design de Birmingham, puis au très fameux Royal  College of Art, Kirpal Marwaha a reçu de ses maîtres un enseignement de grande qualité. Elle a ensuite enseigné l’art et le design dans des universités britanniques pendant huit années, puis elle a été chargée de la promotion  de ces enseignements à un niveau international.  Enfin elle a assuré les fonctions de directeur de marketing pour le compte d’une université anglaise, tâche exigeante qui ne lui permettait pas de se consacrer à la peinture autant qu’elle l’aurait voulu.

Installée en France depuis trois ans, dans le département du Gers, Kirpal  a désormais tout le loisir de s’adonner entièrement à sa passion  et à  organiser des expositions  de son travail en Angleterre et en France.

Les Pyrénées proches sont naturellement devenues sa permanente source d’inspiration. Les paysages qu’elle voit depuis les fenêtres de son atelier sont le principal motif de ses tableaux. Toutefois, le travail se décline en deux séries distinctes, la première où elle préserve un  certain réalisme dans la représentation. La deuxième où  la vision se fait abstraite, resserrée sur le motif pour exprimer avec plus d’intensité encore la puissance et le mouvement  du relief. Cette série est essentiellement en noir et blanc, avec, exceptionnellement, quelques recours au rouge parfois. Ces œuvres, en  gros-plan sont particulièrement bien servies par la technique picturale de l’artiste.

Il  faut dire que Kirpal aime travailler les matières en épaisseur  avec  vigueur, ce qui n’exclut pas la sensibilité.  La touche picturale (acrylique et techniques mixtes) est alors apposée en bandes  successives, de façon très tactile, soit à la brosse ou à l’aide morceaux de bois, soit directement avec les doigts. Certains effets de coulures sont obtenus par soufflage sur la surface de la toile à l’aide d’une paille.  Un autre procédé consiste à gratter la couche de peinture dans son épaisseur pour  introduire une dynamique particulièrement vivante entre le dessus et le dessous qui affleurent alternativement. Pour expliquer l’origine de cette pratique, il faut se référer aux tissages textiles pour lesquels Kirpal  a pendant longtemps exécuté  des cartons.

Ses couches généreuses donnent  forme aux courbes des montagnes ou des champs  alentours. Les couleurs suivent les saisons, éclatantes l’été, plus pâles ou givrées l’hiver.

Ses paysages marins font référence aux rivages atlantiques américains, la  Caroline du sud précisément,  où elle s’est rendue en 2009. Ils sont peints selon la même technique.

Affectionnant les vues panoramiques, Kirpal  n’hésite pas non plus à s’exprimer dans de tous petits formats. Ce va-et-vient entre des cadrages variés prouve la grande aisance de l’artiste à ajuster son regard, selon son bon vouloir.

L’exposition présente une soixantaine d’œuvres récentes de l’artiste.

Un certain nombre de ses toiles sont entrées dans des collections privées en Europe et particulièrement en Angleterre, en Inde et aux Etats-Unis.

Roseline Giusti-Wiedemann

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 19:10

Publié dans Le Festin

 

L’arbre et son double

Au commencement est la fascination pour un arbre. Fascination, c’est-à-dire la stase, l’arrêt dans le temps. Bien avant les moyens plastiques nécessaires à la représentation, il y a cet état où l’artiste a la révélation d’une expression possible, d’un appel à la peinture. A partir de ce pivot s’amorce un programme d’envergure. La monumentalité des sujets traités et leur cadrage –le plus souvent serré- offrent au prime abord un calme, une sérénité, une placidité rassurante. Les arbres de Guillaume Toumanian semblent à l’abri de l’inconstance. Ils ne sont point fruitiers, donc délivrés des caprices d’une récolte, bonne ou mauvaise.

Les figures des autoportraits sont statiques, fermement campées, bien que les pieds n’y soient pas représentés car inutiles. Les bras croisés scellent la construction.

Or l’observation plus assidue démasque cette apparence. Un certain frémissement à la cime des arbres, le regard dans les visages révèlent un côté troublé, mystérieux, qui nous a échappé au premier coup d’œil. Quelque chose de l’ordre d’une inquiétude essentielle, un plissement de l’esprit affleurent à la surface de la toile. Recherche d’un espace intérieur, relayée par les procédés picturaux. Ambiance sourde, plombée, sans lumières crues ni tons violents -L’artiste ne sacrifie pas à l’éblouissement du sud.

L’œuvre dit l’expérience de la réversibilité. Ses arbres le regardent et le corps du peintre est à la fois voyant et visible. Elle dit aussi la prégnance du temps intérieur sur la temporalité externe. Durer pour la mémoire.

Roseline Giusti -Wiedemann, Professeur associé, université de Bordeaux3 / 2007

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 18:56

Inde écrite

L’œuvre picturale de Milène Giusti transcrit l'intensité violente et généreuse des couleurs, la vibration de la lumière, la foule bruissante de la rue et la ferveur jubilatoire de cette terre indienne habitée des dieux. C'est cette relation forte et inextinguible dont l'artiste témoigne inlassablement.

Ainsi, chaque peinture invite-t-elle à la déambulation dans des touches picturales dynamiques, travaillées au pastel, aux pigments et à l'acrylique. Le regard est sans arrêt sollicité : recouvrement léger, glacis, aplat soyeux, flaques aériennes, mais aussi ballet de segments chamarrés, d'éclairs monochromes.

Les supports - feuilles de papiers cartonnés - donnent aux oeuvres le frémissement qu'elles exigent.

La plupart des dessins sont travaillés selon la verticalité, avec, en contrepoint, des traits horizontaux qui viennent comme une rupture interrompre l'ascension à l'assaut du ciel. Les grands formats dévoilent de façon plus figurative quelques monuments majeurs de cette Inde mythique : temples, effigies tirées du panthéon indien à peine esquissées.

Si, par le jeu des profondeurs patiemment travaillées - matières et couleurs mêlées - les oeuvres attestent de la plasticité de la matière picturale, si elles assaillent par l'intensité des coloris, elles amènent bientôt le regard à capter une autre dimension. Emprisonnées dans la peinture, sourdent des interrogations d'un autre type, dictées par l'Inde matricielle et l'inévitable prégnance de sa mystique.

Exigeant, s'écartant des voies convenues, le travail de Milène Giusti atteste de la vitalité et de l'authenticité de la démarche.

Roseline Giusti-Wiedemann, Bordeaux, 2002

 

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 18:31

DETOT Luc,

né en 1960 à Paris, vit et travaille à Bordeaux.

 

Formé à l’Ecole des Beaux-arts de Paris, Luc Detot développe un travail sur le corps humain. Il utilise pour ce faire des moyens plastiques étendus : dessin, modelage, photographie, gravure.

 

Notice sur un dessin entré dans les collections de l'Arthotèque du Conseil Général de Gironde

 

Detot, Luc

Sans titre, 1996

Dessin, mine de plomb, poudre de marbre colorée, cire sur bois.

140 x 110 cm

 

Ce dessin appartient à une série monumentale de représentations de la figure humaine, exécutée entre 1992 et 2000. L’ensemble fait suite à une précédente série sur le crâne. Au départ, l’artiste prend une photo du modèle, de face, en gros plan et les yeux clos. La photographie est ensuite projetée sur un support enduit de poudre de marbre colorée. Les traits du visage sont alors redessinés au crayon noir et rendus flous par une couche de cire. Luc Detot se défend de faire des portraits ressemblants. Aussi assigne-t-il à ses modèles de fermer fortement les yeux pour gommer tout effet de séduction et pour obtenir un regard intérieur. Frappé par l’exposition Mémoire d’aveugle réalisée par le philosophe Jacques Derrida au Louvre, l’artiste érige ce principe en système. Il dit avoir été aussi influencé par les marbres romains. Toutefois le visage ici, soumis à une tension extrême, est bien vivant.

Ce sont ensuite les grands dessinateurs et graveurs allemands comme Holbein ou Dürer qui ont accompagné l’artiste pendant toute cette série. Une reproduction du portrait de la mère de Dürer, en effet, est resté accrochée sur les murs de l’atelier pendant tout le temps du travail.

Il faut citer aussi un autre maître allemand du 18ème cette fois, auquel Luc Detot se réfère, le sculpteur Messerschmit  qui a dessiné une série de têtes grimaçantes.

La dimension peu commune pour un dessin et l’aspect singulier du faciès donnent à ce travail une force expressive particulière.

R. Giusti-Wiedemann

 

 

Expositions personnelles :

1987 Chantier du Chai des farines, Bordeaux
1988 Galerie Zographia, Bordeaux lire article
1990 Grenier du Chapitre, Cahors
1990 Galerie Eric Dupont, Toulouse lire article
1992 Galerie Janos, Paris
1993 Galerie Zographia, Bordeaux lire article
1994 Galerie Pictura, Bergerac
1995 Galerie Vanguardia, Bilbao

1996 Galerie Zographia, Bordeaux lire article
1997 Galerie Henri Bussière, Paris lire article
1999 Galerie Vanguardia, Bilbao
2002 Le Labo, Bordeaux
2003 Galerie Henri Bussière, Paris
2004 atelier Krapo
2004 C.E.S.A.M., Bordeaux

Dernières expositions collectives :

1998 Galerie Henri Bussière, Paris
1999 Galerie vanguardia, Bilbao
1999 Château Génicart, Lormont
2000 Eglise Saint-Vincent, Mérignac
2001 Galerie Le Labo, Bordeaux
2000 Galerie Sabine Puget, Paris
2000 Galerie Poirel, Nancy
2001 Galerie du troisième œil, Bordeaux
2002 Open doors Open eyes, Novart, Bordeaux

2005 Opendoors, Openeyes


Principaux articles de presse :


Michel Wiedemann conférence à l’Estampe d'Aquitaine, 22 septembre 2005
Dominique Dussol
Le Festin, printemps 2001

Dominique Dussol Sud Ouest, décembre 1999
Entretien avec Anne Cixous « L’écho des Collines », décembre 1998

Henry François Debailleux Libération, 30 mai 1997
Valérie de Saint-Do Sud Ouest, juin 1996

Didier Arnaudet Gironde Magazine, été 1993
Didier Arnaudet Le Festin n°11,1992
Anne D’Andriesens, Art-Press, octobre 1990

Didier Arnaudet Art-Press, mai 1988

Entretiens :

Didier Arnaudet, entretiens avec l’artiste, in  Gironde Magazine, septembre 1996

Interventions :

1998  Ecole des Beaux-arts de Bordeaux

2000 Université de Pau
2001 Université d’ Angers
1995/2002 Musée du Louvre Paris

Bourses

Aide à la création, D.R.A.C. de Bordeaux
Aide individuelle à la création, Conseil Régional d’Aquitaine
1992 : Villa Médicis Hors les Murs, Ministère des affaires étrangères 

Editions

Œuvres publiées dans des ouvrages :

1991 : Melancholia, Eric Dupont, éditeur ; Dessins des années 1987-88 reproduits à l’échelle

L’Iliade, Textes choisis et illustrés par l’artiste d’après la traduction de Paul Mazon, aux éditions Guillaume Budé, Editions Jeanne Hébert

 

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 17:07

Le jardin intérieur de Milène Giusti.

 

Regarde bien, visiteur, ces jardins peints. Observe-les. 

Ils disent, à la fois, l’émerveillement des floraisons méditerranéennes, celles qu’un Matisse aimait déjà peindre,  et l’exubérance des sols lointains du Tamil Nadu ou du Kerala indiens.

Des senteurs entêtantes envahissent tes pensées jusqu’au vertige et de vibrantes couleurs,  tremblantes sous le ciel de midi, assouvissent tes désirs d’ailleurs et approuvent tes prises de liberté.Tu te prends à  rêver, à entreprendre un grand voyage intérieur régénèrateur.

 

Diffusées dans l’exposition, des musiques d’ambiance électro-acoustiques, venues, entre autres, de Finlande ou du Japon, t’accompagnent dans ton itinérance sensorielle. Glanés aux meilleures sources de l’avant-garde actuelle, ces sons inhabituels ont été sélectionnés pour la circonstance par l’artiste Yeulmaus, alias Mayeul Irlinger, féru de musiques rares.

RGW.

 

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